jeudi 9 juin 2011

un totem


Niki de Saint-Phalle, Good Luck Totem, résine peinte.
 A l'origine, le mât totémique ou encore poteau de maison est un tronc d'arbre sculpté de représentations des ancêtres. En général, les motifs représentent les principaux animaux mythiques auxquels est apparenté le clan: l'ours, le loup, le castor, le corbeau, l'orque ou l'aigle. Quant au mot "totem", il signifie "gardien personnel". 


Au vingtième siècle, les artistes se sont appropriés l'idée d'une sculpture élancée, figurative et qui ferait sens pour eux seuls et non plus pour la tribu, le clan ou la famille.
Les symboles sacrés ont disparu pour garder l'élan, la présence et la force de l'image.


Gaston CHAISSAC, Totem

Gaston CHAISSAC, le Coiffé en brosse, totem (huile sur panneau), 1963.



Jacky COVILLE, céramique.

Patrick Chappert-Gaujal, Totems

Patrick Chappert-Gaujal, Totems

Jacky Coville, céramique




Jean de Marliave (1918-1999),  Totem, fer, 256 x 105 cm

Depuis Durkheim ou Totem et Tabou de Freud (note 1), le mot totem est passé dans l'usage familier avec le sens de "porte-bonheur, fétiche". Tandis que dans les villes apparaissent des bornes, des poteaux d'informations ayant pris le nom de totem.

L'exercice de la semaine propose une réfelxion à la fois sur le clan - auxquel nous appartenons et, l'animal (ou la plante) choisi comme protecteur ou guide. Il ne s'agit pas - ici - d'un retour à l'animisme ou au fétichisme ou encore à une antique superstition; il s'agit de prendre comme double points de départ une forme oblongue et un contenu (un symbole, une idée) et de se lancer dans une création qui parle du  sentiment d'appartenance.
Alain Delorme, Totem, Chine, photographie.


                                                  Une création de Kim Baise, plus d'infos ici




Note 1 - Merci à Bernard:
TOTEM ET TABOU, Totem und Tabu, 1913.
Sigmund Freud, 1856-1939.

Freud tente ici, pour la première fois, d'appliquer les données de la psychanalyse au domaine de la culture et de la religion. Son idée, plus précisément, est qu'il existe de nombreuses analogies entre le comportement des « peuples primitifs », tel qu'il est décrit par les ethnologues, et la vie psychique des névrosés.
Ainsi l'auteur voit dans le totem - l'animal ou l'objet en lequel le clan reconnaît à la fois son ancêtre et son génie tutélaire - une persistance de la « peur de l'inceste », laquelle tourne chez le névrosé à une véritable phobie. Tout système totémique, en effet, interdit aux membres d'un même groupe de se marier entre eux (loi de l'exogamie). On peut, de même, rapprocher le tabou, qui inspire aux Polynésiens une « terreur sacrée », des prohibitions d'origine sexuelle que l'individu atteint de névrose obsessionnelle s'impose à lui-même.
Mais c'est pour le récit du « meurtre du père » que l'ouvrage est le plus connu. Freud emprunte à Darwin l'hypothèse de la horde primitive - forme spontanée d'association - où le père, violent et jaloux, possède toutes les femmes et chasse ses fils à mesure qu'ils grandissent. Un jour, suppose Freud, les frères bannis se réunissent, tuent et mangent le père, instaurant, par ce « repas totémique », la société telle que nous la connaissons aujourd'hui, avec ses organisations sociales, ses restrictions morales et ses religions. Mais, pris de remords, les fils parricides interdisent la mise à mort du totem (qui symbolise le père) et renoncent à s'unir aux femmes du clan qu'ils ont pourtant libérées.
Dans les manifestations de ce sentiment de culpabilité, Freud retrouve les deux désirs réprimés du complexe d'Œdipe : tuer le parent du même sexe et posséder celui du sexe opposé. Pour l'auteur, ce sentiment ambivalent à l'égard du père de la horde (crainte mêlée d'admiration) s'est perpétué à travers toutes les religions. Aussi tient-il le premier parricide comme « le grand événement par lequel la civilisation a débuté et qui depuis lors n'a cessé de tourmenter l'humanité ».
Édition : Totem et tabou (trad. S. Jankélévitch), Petite Bibliothèque Payot, 1989.
Étude : M. Robert, D'Œdipe à Moïse, Calmann-Lèvy, 1974.



Article extrait de :
Denis Huisman,  Dictionnaire des mille œuvres clés de la philosophie,  Paris, Nathan, 2000, page 504.


1 commentaire:

  1. N'êtes-vous pas Jabiru, si on s'en tient au gardien personnel ?

    Cet article vient de m'inspirer une idée qui me plait beaucoup ! merci

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